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Argo

9 novembre 2012 par Jacques

Réalisé par Ben Affleck
Avec
Ben Affleck, Bryan Cranston, John Goodman…

Le 4 Novembre 1979, au déclenchement de la révolution iranienne, l’ambassade américaine de Téhéran est prise d’assaut par une foule de manifestants exigeant l’extradition du Chah en échange de la libération de cinquante deux employés pris en otages et menacés de représailles. Le gouvernement Carter subit un camouflet mais, parvenir à rapatrier sans dommages collatéraux, 6 américains réfugiés in extremis à l’ambassade du Canada et talonnés par la police politique, réduirait l’affront.

Un expert en exfiltration de la CIA, Tony Mendez (Ben Affleck) va tenter le coup de poker improbable d’embarquer les fugitifs à l’aéroport, maquillés en équipe de tournage d’un film de Science Fiction «Argo», venue en repérage sur les plateaux montagneux et désertiques.

La marche du monde assimilée à une vaste comédie, c’est en regardant «la planète des singes» à la télévision qu’a jailli l’idée du subterfuge au scénario insensé, (celui du film la vache et le prisonnier), pour déjouer les barrages filtrants de policiers sur les dents avant d’ accéder au vol pour la Suisse, sésame vers la liberté.

Mendez s’introduit en Iran barbu, dissimulé en producteur adjoint autant qu’en disciple du prophète concurrent des ayatollahs, désireux de sauver ses compatriotes, fragile au point d’apaiser dans l’attente, les tensions au whisky, mais solide en action, au point d’observer impavide, le déroulement d’un scénario conçu par lui, au suspense tendu à souhait par la confrontation permanente de l’attente angoissée des réfugiés avec l’environnement étranger définitivement hostile.

Argo séduit par la valeur auto-critique du récit du soutien américain à une monarchie élitiste coupée du peuple et ses dérives illustrées par l’embarquement de tonnes d’or dans les bagages du Chah d’Iran envolé pour un exil aux USA, rompt avec la diabolisation manichéenne en donnant à voir et à entendre le peuple iranien laissé pour compte, attablé à la terrasse des premiers mac do puis contraint à l’exil voire pendu à la flèche d’une grue, tel un trophée d’épouvante.

Il rend hommage à la puissance d’Hollywood, à l’universalité de sa communication, les révolutionnaires les plus zélés succombant ainsi que des enfants à la rhétorique narrative de l’usine à rêves et assoit la primauté de l’individu sur l’institution dont il émane. Pour éviter le ridicule d’un échec, l’opération est annulée, mais Tony Mendez s’affranchit des directives politiciennes cyniques au nom de la responsabilité de l’homme de terrain.

Il faut souligner que, recevant la médaille de la bravoure, le héros dédouane l’administration de son impéritie comme la canonisation de Jeanne d’Arc a corrigé la faute de sa mise à mort sur le bûcher. Argo, le navire des conquérants de la toison d’or est bel et bien un film de propagande à la gloire du héros américain, dont l’image ethnocentrique, s’ épingle dans chaque chambre d’enfant. Sous toutes les latitudes cependant, l’idéologie du surhomme à connotation nietzschéenne est probablement plus sélective que démocratique véhiculant une stratégie de l’impérialisme à visage humain.


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