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Un beau dimanche

19 février 2014 par Jacques

Réalisé par Nicole Garcia

Avec Louise Bourgoin, Pierre Rochefort, Dominique Sanda..

Baptiste (Pierre Rochefort), élégant trentenaire et instituteur modèle, au naturel empathique vis à vis de ses élèves de CM2, s’apprête néanmoins à quitter son poste, incurable remplaçant au sein de l’éducation nationale, qui ne souhaite pas se ranger. De sa fenêtre, en soirée, il aperçoit Mathias, un élève esseulé à la porte de l’établissement qu’il conduit en scooter chez son père, un ibère brutal que cette garde dérange. Baptiste propose alors d’héberger l’enfant qu’il emmène le lendemain, à la plage de Palavas les flots à la rencontre de Sandra (Louise Bourgoin) la maman.

un beau dimanche jupette

Dans sa jupette de serveuse de restaurant, le corps orné de deux tatouages glissants sur l’épaule souvent dénudée et sur l’avant-bras, une revendication d’auto-promotion outrecuidante, Sandra est aussi mignonne que déréglée par son aptitude à faire les mauvaises rencontres, à opérer les mauvais choix. Pour l’heure elle est menacée sur son lieu de travail pour une dette de cinquante mille euros contractée hors des canaux officiels, gaspillée dans l’aventure avortée d’un restaurant thaïlandais.

Fuir ses créanciers aux méthodes viriles, Baptiste invité avec Mathias à passer le week-end dans un bungalow sur la plage, l’en dissuade se proposant, en bon samaritain, d’aider à mettre un terme à la précarité et à l’égarement maternel. Mais il lui faudra franchir le monumental portail d’un luxuriant domaine quelque part en Hérault en surmontant d’inextricables velléités.

un beau dimanche fiuls

Un thème cinématographique de prédilection: Nicole Garcia scrute les relations familiales à travers les retrouvailles mouvementées d’une fratrie sous les ors d’une gentilhommière. Si le précipité résultant de la confrontation n’atteint pas la radicalité corrosive du chef d’œuvre de Thomas Vinterberg, Festen, l’esprit de clan cependant en prend pour son grade face à la la question iconoclaste des limites de la liberté de chacun en son sein. Les grandes familles peuvent instaurer en effet des lois qui préservent leur situation de fortune et leur rang en faisant fi des individualités. L’héritage confère alors un droit naturel à la richesse mais aussi le devoir d’y contribuer. A la bibliothèque, le conseil de famille forme un rituel qui éloigne les affects et perpétue la dynastie. Celui qui veut se déprendre de sa caste tend à méjuger ses semblables et encourt ipso facto le châtiment d’être jugé à son tour et condamné.

un beau dimanche mère

La réalisatrice, dont la caméra caresse très souvent son sujet, capte ainsi l’aménité des regards échangés entre Baptiste et Sandra qui questionnent le rapport amoureux, s’érige en dentellière en incorporant à la réflexion, la quiétude des paysages et affiche une capacité étonnante à typer d’emblée les personnages, la figure maternelle (Dominique Sanda, magistrale), reine de douceur et d’auto-suffisance et projection peut-être d’une forme de gémellité avec la cinéaste, le frère aîné patriarcal à souhait, quelques languedociens patibulaires. Mais on ne saura rien du devenir de ce couple atypique, formé un beau dimanche, au croisement de deux identités en fragile reconstruction, et surtout, des tribulations du gamin, à moins que le générique de fin ne délivre la clé de l’histoire:


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