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Au cours des années 30, dans le hall de la gare Montparnasse, un jeune orphelin d’une douzaine d’année, Hugo Cabret chaparde des petits pains aux étals des boutiques puis des pièces mécaniques pour la reconstitution d’ un automate déniché dans une brocante par son père horloger, mort accidentellement. Chaque jour, le jeune garçon se faufile dans les couloirs techniques pour mettre chacune des horloges de la gare à l’heure, à la place d’un oncle alcoolique, disparu après l’avoir recueilli. Hugo vit donc en solitaire, au plus haut des toits, dans la salle des mécanismes de la grande horloge, silencieux et ombrageux en compagnie de l’automate mystérieux. Seule une clé en forme de cœur pourrait ranimer cette merveille d’horlogerie, fascinante énigme reçue en héritage. Mais Hugo doit se défier du chef de gare, un boiteux appareillé qui flanqué d’un doberman, capture les petits voleurs à la tire pour les confier à l’orphelinat. Or, en dérobant des accessoires du père Georges, qui tient, sans illusion, un magasin de confiserie et jouets anciens dans le hall, Hugo est pris la main dans le sac. Le vieux Georges lui confisque un carnet, contenant une succession d’images qui en défilant sous le pouce produisent un dessin animé, souvenir précieux du père de Hugo, mais rappel douloureux pour le brocanteur. Dans le décor magique d’une gare emplie de personnages pittoresques, la vie d’ Hugo Cabret apparaît pourtant bien sombre et son avenir menacé comme dans un mauvais conte, jusqu’à sa rencontre avec Isabelle, petite fille de Georges qui devient son alliée: ne porte-elle pas autour du cou comme par miracle, la fameuse clé qui active l’automate écrivain!
A la recherche du carnet, tous deux s’aventurent dans l’appartement du grand-père d’où ils exhumeront le passé prestigieux: le marchand de jouet, vieillard anonyme, fut l’immense cinéaste Georges Méliès. Prestidigitateur, peintre, décorateur et propriétaire d’un théâtre, il découvre l’invention des frères lumières, achète un matériel cinématographique qu’il adapte à son projet, la construction d’un studio de cinéma, recouvert d’un dôme de verre avec fosse, décors, machineries pour les prises de vues, enrôlant des figurants et sa propre famille dans la distribution. Les premières projections sur écran restituaient des scènes de la vie quotidienne comme l’arrivée du train… en gare! Méliès invente le récit poétique et fantastique (le voyage dans la lune) conçoit les effets spéciaux et tourne une centaine de courts métrages jusqu’en 1914, au déclenchement de la guerre qui va le ruiner. Alors, vaincu, il se débarrassera de son stock de pellicule dont on extraira l’argent et la matière pour la fabrication de talons de chaussures et remisera au fond d’un tiroir toutes les maquettes de ses décors et de sa scénographie.
En croisant dans un même récit les pérégrinations d’un orphelin poursuivi par le rêve de donner vie à un automate et l’évocation de la fabuleuse histoire d’un des pères du cinématographe, Martin Scorsese rend hommage à ce pionnier du 7ème art et célèbre la magie du cinéma dans la tradition des contes pour enfants qui a la différence du réel ont le pouvoir de nous projeter du malheur à l’enchantement final. C’est dans un théâtre bondé que Méliès dont l’œuvre a pu être reconstituée reçoit la légitime reconnaissance de la postérité due au précurseur. Et les antagonismes révélés dans l’enceinte de la gare se transforment en fraternisation heureuse. Hugo Cabret brille par la magie de sa narration qui emprunte aux esprits de Jules Verne, Charles Dickens, Lewis Caroll et Enid Blyton.