Réalisé par :
Joe CarnahanAvec :
Liam Neeson,
James Badge Dale,
Dallas Roberts
Les contes de notre enfance ont banalisé des mythes ancestraux. «Le petit chaperon rouge» réactive notre peur viscérale des forêts profondes et des espaces naturels qui furent des lieux de prédation. La crainte ontologique du serpent, de l’ours ou du loup n’a pas d’autres racines. Crainte usurpée tant il est vrai que la victime potentielle, l’homme est en vérité, le véritable prédateur de notre planète mais crainte fondatrice de notre instinct de conservation, condition de la suprématie.
En Alaska, John Ottway protège l’enceinte d’une compagnie pétrolière des attaques de loups à la frontière du monde sauvage et civilisé. A la suite du crashe d’un avion de transport, il tente d’unir les efforts des 6 rescapés devenus la proie des hordes de loups, afin de survivre dans un environnement mortel.
«Le territoire des loups» qui possède les ingrédients d’un film d’action est le récit d’une expérience limite d’un groupe d’individus confronté à sa propre extinction. «La mort ne me concerne pas puisque je ne peux en faire l’expérience individuelle» a dit un philosophe, sinon que la mort d’un proche imprime le continuum des vivants et favorise l’empathie. Ainsi de cette séquence forte d’ Ottway (Liam Neeson), trouvant d’expérience, les mots qui apaisent un compagnon dans l’ agonie. Ottway incarne la volonté de survie face à ceux qui se résignent, parmi les plus combatifs dans l’ordre humain mais réduits à néant dans un environnement inhumain. Toutefois, le désir de lutte est ici perverti par l’imagerie familiale et le souvenir bâtard d’un père alcoolique et poète, torturé par les extrêmes. On ne se défait pas aisément de son enfance: notre héros doit se défier d’une pulsion de vie qui ne serait que pulsion mortifère et désir d’exaltation sacrificielle, de nature à le propulser corps et âme, dans la gueule même du loup.
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