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Mud – Sur les rives du Mississippi

7 mai 2013 par Jacques

Réalisé par Jeff Nichols

Avec Matthew McConaughey, Tye Sheridan, Jacob Lofland, Sarah Paulson, Sam Shepard, Reese Witherspoon

A l’embouchure du fleuve géant Mississippi échouent les sédiments de la civilisation américaine, un ventilateur neuf, un collier de perles égarés entre les coques et les huîtres dans la vase qui obstrue les chenaux vernaculaires parsemés d’îles inhospitalières, infestées de serpents. Toujours à la merci d’une inondation, le bayou dissimule des familles de pêcheurs marquées du sceau de la déréliction et de la désillusion, vivant dans des habitats flottants précaires d’où s’échappent en canot, deux adolescents de 15 ans, en quête d’aventures de trésors et d’espérance, Ellis et Neckbone, comme les héros de Mark Twain, fuyant l’enfermement et le désamour.

Abordant un îlot perdu, ils découvrent un bateau perché dans un arbre et son mystérieux occupant, Mud, fascinant Robinson à l’épaisse chevelure, au corps buriné revêtu de tatouages censés protéger du mauvais sort, les légendaires morsures de serpents venimeux et flanqué aussi d’un pistolet bien réel sous la chemise pour se préserver peut-être de morsures plus humaines.

Plutôt que de fuir le vagabond, les enfants décident d’aider le réfugié à remettre à flot le petit yacht, pari technique improbable s’il n’était porté par un défi plus grand encore, le sauvetage d’une destinée amoureuse, celle des contes de l’enfance, qui ferait pièce à la réalité d’un milieu amphibie poisseux. Mais Jennifer, la femme aimée qui doit disparaître avec Mud à cause d’un meurtre, n’a rien d’une Vestale capable de vivre une passion idéalisée depuis l’enfance!

mud sam

 

Sur les rives du Mississippi aborde avec maîtrise la question vitale de la contagion des comportements dans un écosystème en voie d’extinction. Ellis et Neckbone, victimes associées par les mêmes carences familiales s’identifient au combat d’un grand frère esseulé et mobilisent tout leur courage et leur ingéniosité pour que triomphe enfin la chimère amoureuse. Peine perdue! Les ravages viennent de l’idée surélevée que l’on se fait d’autrui. Faut-il croire ou pas à l’amour d’une femme, Jeff Nichols laisse accroire à l’alchimie du creuset des lieux de vie. D’abord réticent au déménagement, Ellis, riche d’une expérience qui a rompu le sortilège des enfants en proie au bayou, croisant l’attention d’une jeune fille, découvre une raison de croire aux lendemains heureux au pied de son nouvel immeuble! Car le monde qui s’éteint là, dans le delta d’un fleuve n’appartient qu’aux adultes capables de réveiller la sordide chasse nocturne à l’homme, propre aux États du Sud  cristallisée en  une hallucinante, blafarde et violente séquence finale de tir aux pigeons, légitimation troublante de la souveraineté de l’arme à feu, au service de la rédemption des exclus.


Un commentaire »

  1. Brahim dit :

    Je l’ai inscrit sur la liste des films à voir.
    Quand il passera à Barbezieux, je ne le raterai pas;
    Merci pour ton commentaire.

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