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Portrait au crépuscule

29 avril 2012 par Jacques

 

Réalisé par

Angelina Nikonova

Avec

Olga Dihovichnaya, Sergueï Borissov, Roman Merinov

 

Dans la banlieue de Moscou, trois policiers en maraude, pourchassent dans un sous-bois, une prostituée en mini-jupe, pour lui voler la recette de ses passes et la violer. Dans une datcha proche et sous l’atmosphère glabre du petit matin, ses cris ont réveillé une jeune femme, Marina, dont  le mari homme d’affaires et son associé imbibés et comateux achèvent sous la véranda un «business plan» sur une table encombrée de bouteilles d’alcools. Marina la trentaine, psychologue pour enfants est une femme sublime sinon idéale, désignée pour le sacrifice dans un tailleur blanc virginal, rentrant à pied d’un rendez vous avec son amant dont la médiocrité égale la veulerie maritale, casse le talon de sa chaussure et cherche de l’aide en boitillant. Au crépuscule, Moscou est une ville déshumanisée. Nul compatriote pour lui prêter un portable, ou la raccompagner, Marina échoue dans un snack bar qui ne sert aux clients que vodka, bière et saucisse et renonce au verre d’eau, au thé, archétype de beauté incongrue qu’il faut souiller à la graisse et à l’alcool. Marina reprend son chemin de croix sur la route, se fait voler son sac à main puis interpeller à la nuit tombée par ces même policiers prédateurs, qui l’emmènent en voiture pour la violer et l’abandonner à demi nue dans un terrain vague…

Mais la violence de rue qui atteint Marina de plein fouet cette nuit là n’est au fond que le prolongement de son expérience professionnelle de la gangrène sociale. Dans son bureau défilent quotidiennement des parents abrutis, dégénérés par l’alcool, des enfants victimes d’inceste ou au contraire, déjà manipulateurs. «Les monstres n’engendrent que des monstres», Marina épuise son capital de sympathie dans une tâche digne de Sisyphe. Son dépôt de plainte pour vol du sac à main dans un commissariat dont la préposée menaçante, dicte un scénario imaginaire érigeant la victime en coupable, parachève la description d’une société minée, dans ses fondements même, justice, police et éducation par la corruption ou la lâcheté. Aussi, quand Marina retrouve son tortionnaire, la loi de la jungle commande de l’émasculer à l’aide d’un tesson de bouteille mais Marina au contraire, tente un pari fou, inédit au prix du sacrifice de soi.

Dans cet univers dépravé où les rapports humains ne sont plus gouvernés que par la brutalité et la peur, à l’image des policiers et militaires Russes qui n’inspirent que l’aversion, robots sans scrupules abrutis par la vodka et la cocaîne, il faut une conflagration d’une intensité particulière. La puissance du verbe peut-elle sauver le monde comme l’a prêché en d’autres temps, Jésus le crucifié? Marina a la sensibilité altruiste de Marie et la beauté singulière qui éclaire les ténèbres.

 

 

 

 

 


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